L’agriculture en France doit s’attendre à un double phénomène dans un futur proche : la désertion couplée à la baisse de productivité du métier d’agriculteur et la décarbonation du monde agricole nécessaire mais qui aura un impact significatif sur les volumes de production. Sachant que les villes ne produisent à l’heure actuelle quasiment rien, faut-il s’attendre à voir les villes dans la tourmente dans un futur proche ? 

Oui si rien ne change, non si la ville se reconnecte au vivant. Des solutions existent déjà et elles sont nombreuses, au devant desquelles, l’agriculture urbaine. 

Les vertus de l’agriculture urbaine sont pléthores. A terme, elle pourrait nourrir jusqu’à 10% des populations urbaines. Un pourcentage non négligeable qui pourrait porter assistance à la production alimentaire rurale. Par ailleurs, l’agriculture urbaine répond à de nombreux objectifs de la transition écologique, celui en particulier de produire des produits finis et diversifiés très localement. Enfin, l’agriculture urbaine est un levier majeur de reconnection des urbains à la terre. En effet, en réintégrant les citadins dans les processus de production, il s’agit de lutter plus efficacement contre le gaspillage alimentaire et de faire naître de futures vocations dans le secteur de l’agriculture et du vivant. 

Toutefois, il faut pouvoir replacer l’agriculture urbaine dans un contexte français. La superficie agricole utilisée représente 45% de la superficie totale de la France. Ainsi, pour assurer la souveraineté alimentaire de la France, la priorité est de maintenir les terres arables face à l’étalement urbain. Cet objectif est celui du ZAN qui entend protéger la production agricole française de l’urbanisation. Il faut aussi assurer le renouvellement de la population agricole en développant des stratégies pour améliorer l’attractivité du métier.  Il s’agit par ailleurs de chercher à améliorer la durabilité de l’agriculture rurale et périurbaine en encourageant les pratiques agroécologiques et en favorisant la relocalisation de l’alimentation sur le territoire agricole français. 

Aussi, l’AU peut avoir un rôle d’appui par son rôle pédagogique, en permettant aux consommateurs et notamment aux citadins éloignés des sites agricoles, de se réapproprier les phases de production de l’alimentation et d’avoir accès à des produits locaux. Alors que nos agriculteurs se rassurent, l’agriculture urbaine ne remplacera jamais l’agriculture traditionnelle. Nous devons cesser d’opposer ville et campagne, mais plutôt penser ces deux sites de production en complémentarité ! L’agriculture urbaine se concentre uniquement sur la production de petits fruits et légumes et herbes aromatiques, et n’a pas vocation à suppléer un verger d’arbres fruitiers ou un champ de pommes de terre. Grâce à l’agriculture urbaine, nous espérons produire plus et mieux certes mais surtout, recréer du lien entre le monde rural et le monde urbain encore trop hermétique l’un à l’autre, en facilitant les transferts de compétences et de production.